Extraits

Un Eden au Sahara, une musique envoutante

Une musique peut se contenter de peu d’éléments pour véhiculer du sens. Une expérience qui le prouve est la musique composée pour le très beau film documentaire de Gauthier Flauder « Un Eden au Sahara » (« Sahara’s secret Garden ») meilleur film au Festival du Film de Montagne de Banff (Canada).

Un discours musical épuré

Ce film produit par ZED raconte l’histoire d’une quête, nous suivons le périple de nos protagonistes dans le désert du Tchad, qui partent à la recherche d’un écrin de verdure, mythe ou réalité ? L’idée musicale était de faire entendre une mélodie, qui à la manière du chant des sirènes vous envoute, vous appelle.

Ma rencontre avec Haroun Teboul

Afin de nous démarquer du chant des sirènes, qui ne vivent pas dans le désert, nous optons pour une voix masculine. Une amie programmatrice du Festival d’Automne me donne un contact. Je rencontre Haroun Teboul chanteur, flutiste (Ney : flute orientale avec un son très proche de la voix humaine) joueur de Oud (Luth arabe), pas de doute c’est notre homme.

Le thème du film

Dans un film documentaire de ce type on peut s’attendre à entendre de la musique « locale ». Ce qui est bien sur justifié dans le cadre de sujets ethnologiques. Dans le type d’écriture dans Un Eden au Sahara, même si le film rapporte un fait réel, il porte en lui une part de fiction afin d’y mettre une part de rêve et tenir son récit. La musique de l’Eden au Sahara devient alors musique de film générant son propre sens narratif. Dans le cas présent j’aurais pu demander à Haroun d’improviser sur un « drone » (note fondamentale tenue) et poser ensuite un complément d’orchestration. A contrario j’ai écrit le thème musical et avons travaillé l’interprétation de la mélodie.

La sirène hertzienne

Gauthier Flauder travaille ses films de façon très précise, pour que puissent s’exprimer toutes les composantes de la matière : les images, les gens, la musique et la voix du narrateur. C’est particulièrement vrai pour ce film et la musique a pris toute sa dimension et est une marque de fabrique de ce film documentaire. Pour moi le message est passé. Ce film a été largement diffusé en France (France TV) et à l’étranger. Et j’ai reçu une centaine de messages et des demandes pour acheter la BO. La voix d’Haroun s’est faite la voix d’un Eden au Sahara.